Géographie
Aux portes de Besançon, capitale Franc-Comtoise, sur la route qui la relie à Pontarlier et à la Suisse, la commune de MORRE s’étend des rives du Doubs aux sommets du Trou au Loup et de la Chapelle des Buis. Elle englobe une partie importante des marais de Saône. La superficie totale du territoire communal s’étend sur 527 ha dont 61 ha en forêts et 194 ha en landes et marais. L’altitude du territoire escarpé de Morre varie de 245 mètres (La Malate) à 487 mètres (La Chapelle des Buis).
Au pied des falaises de Montfaucon, le vieux village et son église sont implantés dans une combe le long de l’ancienne voie de circulation. A partir des années 1960, des constructions se sont développées en bordure du vieux bourg.
Le quartier de La Couvre à proximité des marais rappelle le passé agricole de la commune. En périphérie de l’agglomération, quelques maisons sont présentes en limite des quartiers de la Chapelle des Buis et de la Malate de Besançon et en limite de la commune de la Vèze.
Les 1430 habitants de la commune s’appellent les morriers et les morrières.
Origine du nom du village
La première mention de MORRE apparaît en 1049 sous le nom de Maïodurum signifiant « grande porte » et de mayorre « le rocher ». Dans l’évolution toponymique, le nom de MORRE se retrouve dans des écrits de 1303 et de 1480 et devient le nom définitif que l’on connaît aujourd’hui.
Trois hypothèses sont émises sur l’origine du nom de Morre.
- La première se décline par le mot Mora qui en latin signifie « lieu de repos ». Le village était situé au milieu de terrains escarpés et de routes affectées de pentes raides.
- La deuxième découle de la racine pré-latine « rocher».
- La troisième propose d’interpréter le mot Morre comme désignant une terre dont on donnait la moitié des fruits pour la cultiver.
L’histoire :
Parmi plusieurs itinéraires proposés par la voie romaine, quelques tronçons de voies à ornières, visibles sur le sommet du Mont de Buis, utilisées jusqu’au XVIIe siècle, dénotent un axe de passage très fréquenté. Plusieurs pièces de monnaie antique furent mises à jour en ces lieux, elles confirment le passage des Romains dans ce secteur.
Il faut attendre 1254 pour découvrir des textes traitant de Morre. Sybylle de Chilley, fille de Thiébaud de Rougemont, veuve de Renault de Chilley est alors citée comme dame de Morre. En raison de ses possessions, elle doit 40 jours de garde annuelle au château de Montfaucon. Son fils Étienne, chevalier, vend en 1269 à Amé de Montfaucon, tout ce qu’il avait à Morre depuis la porte taillée jusqu’à Montfaucon. Guillaume d’Abbans, chevalier, garantit la cession.
Par le traité de Vincennes 1295, la fille du compte de Bourgogne devait apporter la Comté en dot au fils du roi de France. La noblesse comtoise, hostile à cette cession s’oppose aux troupes de Philippe Le Bel et subit une défaite à la Malcombe à Besançon. Elle se réunit dans la combe de Morre pour envisager la fin des combats qui n’interviendra qu’en 1301.
En 1601, 1627, 1630, le châtelain de Montfaucon, Antoine Tinseau, achète des terrains à la communauté de Morre. Sa descendance tiendra une place prépondérante dans les pourparlers avec les Pays-Bas, l’empire Germanique et la France. Son petit-fils sera seigneur de Morre, de Gennes et de Septfontaines en 1695. Le fils de ce dernier deviendra le second et dernier seigneur de Morre.
Ces seigneurs possédaient une maison de campagne à Morre dite « le Château ». Néanmoins, les habitants étaient toujours dépendants du seigneur de Montfaucon, encore en 1657, ils devaient faucher les vergers et assurer le transport de la vendange de l’Arc de la Malate au château. À la Malate, sur le tracé de la route du XIe siècle, accédant à Morre et Montfaucon a été implantée la maladrerie du château de Montfaucon, citée en 1307 et qui ferma ses portes vers 1690.
La guerre de 10 ans, les épidémies qui s’en suivirent affligèrent la population de Morre comme le reflètent les recensements, ainsi en 1614, 27 feux étaient recensés au bourg, ils n’en restent que 2 en 1657… D’autres guerres accablent la population qui sera appauvrie par de nombreux pillages. En 1871, la construction du fort Est des Buis et la mise en défense de la crête du Trou au Loup amènent une concentration de militaires au village. Puis vinrent les guerres de 1914/1918 et de 1939/1945 qui emportèrent plusieurs enfants de notre village.
Les accès au village :
Dès le percement de la porte taillée au XIe siècle, une route est aménagée en bordure du Doubs et permet d’accéder à Morre et à Monfaucon par «Traîne-Bâtons».
En 1574, un nouveau tracé réalisé depuis Saint-Eléonore regagne le quartier de Beausite et le bas du village. Au XIXe siècle la route, que nous empruntons, est construite et financée par un péage perçu à la porte taillée. Ultérieurement un second péage sera réalisé au village pour contrôler l’accès au Trou au Loup percé pendant les années 1837-1839. La construction de la voie ferrée en 1884 modifiera l’aspect du village par des talus monstrueux.
L’agriculture :
La nécessité de développer la culture de la vigne, hors de l’enceinte de Besançon amène les bisontins à s’intéresser aux coteaux de Morre. Les propriétaires sont des bourgeois, des prêtres et des congrégations religieuses qui font travailler les vignerons. Dès 1596, une ferme est implantée à la Couvre. Sous la révolution, les habitants doivent effectuer des charrois pour l’armée du Rhin à Landau, Belfort ou Auxonne. Les exploitations agricoles resteront de taille moyenne, les terrains étant accaparés par la vigne. En 1832, on compte 56 têtes de bétail au village et 65 à la Couvre. Un atelier de fromagerie sera pourtant créé en 1844, il traite le lait de 63 laitières et produits 5815 kg de fromage.
L’industrie :
Dès le Moyen Âge, le faible ruisseau qui traverse le village est utilisé pour actionner un moulin à grain. Différents meuniers s’y succéderont jusqu’au XVIIIe siècle et une cartonnerie s’installera dans des murs devenus vacants jusqu’en 1914. Une tuilerie est également en activité dès 1632 en bordure du chemin du Pavé, un four à chaux y est adjoint et produit 500 m³ de chaux par an. Cette industrie sera détruite par un incendie en 1893.
Démographie :
En 1593, 123 morriers habitent au village, 69 en 1688, 333 en 1790, 489 en 1876, 360 en 1901, 1176 en 1975 et 1430 aujourd’hui. Les familles Carrey, Coquillard, Crestin, Gaillard, Jeannot, Petitjean, Vezet étaient déjà présentes en 1592. En 1750 sont également recensées les familles Bonnefoy, Clerc, Cretet, Gurnot, Laithier, Loriguet, Monnot, Mourey, Pinard, Toittot entre autres.
« D’après les archives départementales »
Curiosités
- La cascade de l’enfer et son vieux moulin (site inscrit, 1943),
- Le sanctuaire de Notre-Dame de la Libération,
- Les grottes du Chanot,
- La croix de Morre
- La boule de Morre.